Dans cette fable, La Fontaine met en scène une grenouille qui symbolise la vanité des hommes. Il s’agit d’une histoire connue. En outre, le genre se sert souvent de la personnification d’animaux pour critiquer les défauts humains.
Cette fable allie tradition et innovation. La Fontaine prend parti pour les anciens dans la querelle des anciens et des modernes. C’est pourquoi, il s’inspire d’auteurs antiques - Esope et Phèdre - pour créer sa fable. Cependant, afin de rendre sa fable plus constructive, le fabuliste cultivé élabore un récit original et plein d’agréments.
Il s’agit d’un calligramme extrait du recueil intitulé « Le bestiaire » écrit sur le front pendant la première guerre mondiale. Le sous titre du recueil Calligrammes est « Poèmes de la paix et de la guerre ». Ami des peintres cubistes (Picasso, Braque) il essaie de créer une écriture nouvelle en jouant avec l’espace de la page, le calligramme est une invention d’Apollinaire.
La colombe est un oiseau emblématique de la paix et de l’amour, celui-ci est poignardé. D’ailleurs le vers 1 est brisé au milieu par la disposition de « Poignardées » et le C majuscule.
La guerre a détruit les relations affectueuses qu’avait le poète « Douces figures poignardées ». Cette strophe suggère la colombe jaillissant au dessus du jet d’eau mais aussi l’oiseau terrassé au sol.
Malgré la mise en page surprenante ce poème s’inscrit par sa thématique dans la tradition de la poésie élégiaque traditionnelle.
La colombe nous renvoie au thème des amours perdues, de la mélancolie. Nous pouvons à cet effet noter l’importance des prénoms féminins « Mia, Mareye, Yette, Lorie, Annie (il s’agit d’Annie Playden dont le poète fut amoureux) et Marie. »
Le thème des amours perdues est associé aux thèmes de la guerre et de la souffrance.
Le calligramme devient donc un poème-objet. L’écrevisse : connotation du genre humain
L’écrevisse est un poème composé de quatre quatrains issu du recueil « Le bestiaire » écrit en 1911 par Guillaume Apollinaire.
Ce poème est une étude comparative de l’animal, l’écrevisse avec le genre humain.
Ce poème est une étude comparative de l’animal écrevisse avec le genre humain, ce dernier est évoqué au vers 2 « Vous et moi, nous nous en allons ». Et mis en rapport avec les écrevisses à l’aide du comparatif « comme ». Cette brève poésie est construite sur un jeu d’oppositions au niveau des verbes d’action, aller et reculer. « Nous nous en allons », « A reculons, a reculons. ».
Devant l’incertitude de la vie, le poète veut nous faire un clin d’œil et nous dire que quelque fois au lieu d’avancer nous reculons telles les écrevisses. « Vous et moi nous nous en allons » ; « A reculons, a reculons. » Nous voyons qu’un aperçu dans ce bref et court poème. L’hirondelle au printemps cherche les vieilles tours : connotation du genre humain
L’hirondelle au printemps cherche les vieilles tours, est un poème de Victor Hugo extrait du recueil « Contemplations », écrit en 1856.
Victor Hugo compare les oiseaux qui cachent leurs nids pour faire naître leurs bébés aux humains qui cachent leurs amours. Nous pouvons voir au vers 14 « L’oiseau cache son nid, nous cachons nos amours. »
Les rimes de ce poème sont des rimes plates. (AABB)
Nous trouvons dans cette poésie un rapport analogique entre l'animal et l'homme ou plus particulièrement entre l'oiseau et l'homme. Tout comme l'hirondelle et la fauvette cherchent à faire leur nid loin et à l'abri des hommes, l'homme lui-même recherche la paix et la tranquillité, il est sans cesse en proie, en quête de sécurité, il fuit l'autre pour construire et vivre ses amours à l'abri des regards malveillants :
Le seuil qui n'a pas d'yeux obliques et méchants... »
L'homme n'est donc pas si différent de l'oiseau qui par instinct de vie et de conservation fuit et cherche à s'isoler des autres hommes. Il incarne ici la menace pour l'homme et le réflexe animal de retrait se retrouve aussi chez l'homme qui estime que l'homme doit se préserver de l'autre : « nous cachons nos amours », « volets fermés ».
L'animal incarne l'intelligence instinctive de l'homme qui par souci de survie sait se préserver.
Chat est un poème composé de deux quatrains et un tercet, extrait du recueil intitulé « Les animaux et leurs hommes, les hommes et leurs animaux » écrit en 1920 par Paul Eluard.
II) Analyse
Paul Eluard met en évidence l’importance de la relation de l’homme avec le chat au travers de ses yeux. Ses yeux qu’il ne peut cacher, il dit aussi que lorsque que le chat pense il pense jusqu’aux murs de ses yeux qui reflètent ses expressions.
III) Message du poète
Il s'agit de prendre conscience de l'importance pour l'homme de garder et d'avoir un contact avec l'animal mis en valeur par son regard esthétique. Le contact primordial avec l'animal chat domine, « Pour ne poser qu'un doigt dessus. »
Les aspects mystérieux de l'animal qui fascinent l'homme sont : le regard et le mystère de cet animal de nuit, car je cite :
« Mais, la nuit l'homme voit ses yeux
Dont la pâleur est le seul don. »
Nous avons en fait la relation envisagée dans la réciprocité, l'homme et le chat et le chat et l'homme. Pour faire le portrait d'un oiseau : métaphore du peintre
Jacques Prévert, "paroles"
I) Présentation
Ce poème est extrait du recueil « Paroles » écrit en 1945 par Jacques Prévert.
Le travail du poème est comparable à celui d’un peintre, c’est une métaphore du métier de l’artiste.
II) Analyse
Ce poème nous transporte dans un monde proche du rêve surréaliste. Le travail de l’artiste, qu’il soit poète, musicien, peintre, est de créer des associations inattendues et surprenantes. Ce qui met son rêve à la portée de tous, c’est sa façon de coller à la nature, de rester simple, de ne pas s’enfermer dans les conventions et les écoles. L’oiseau pour Jacques Prévert, est encore une fois ici le symbole de la liberté de l’indépendance d’esprit qui seules permettent d’être vraiment original et talentueux.
III) Message du poète
L'oiseau est symbole de la vie, il y a d'un côté, l'oiseau vivant incarnant la réalité et l'oiseau peint, incarnant la réalité retranscrite par l'artiste peintre. L'artiste doit s'accorder avec la nature pour la peindre, pour la recréer, le peintre désireux de peindre l'oiseau doit tout d'abord saisir du regard et du cœur l'animal vivant avant de pouvoir le recréer sur la toile. Donc, l'oiseau est ici la muse inspiratrice du peintre qui s'il sait voir peut retranscrire la vraie vie dans ce qu'elle a de plus profond. L’abeille : analogie entre l’abeille et la femme
Paul Valéry, "charmes"
I) Présentation
Ce poème est un sonnet tiré du recueil « Charmes » écrit par Paul Valery en 1919. Dans son poème composé de deux quatrains et deux tercets, Paul Valery compare l’amour à une abeille et compare l’abeille à l’amour.
II) Analyse
L’auteur compare l’amour à une abeille et compare l’abeille à l’amour, « Pique du sein la gourde belle, sur qui l’amour meurt ou sommeille » Paul Valéry veut nous montrer que l’amour peut être douloureux comme la piqûre d’une abeille il parle d’un mal vif. L’amour reste toujours vainqueur et il parle de tourment bien terminé. Pour illustrer l’abeille et l’amour, il parle d’alerte d’or comme un trésor aux couleurs jaune d’or.
III) Message du poète
L’analogie du poème est nette entre l’abeille et la femme, au travers de la description de l’amour que fait l’auteur. « Sur qui l’amour meurt ou sommeille » et « Sans qui l’amour meurt ou s’endort. »
Nous pouvons observer le champ lexical de l’amour, « mortelle », « belle », « tendre » et « chair ».
Les poésies à lire pour l'anthologie sur le thème des animaux
Chat
Pour ne poser qu'un doigt dessus
Le chat est bien trop grosse bête.
Sa queue rejoint sa tête,
Il tourne dans ce cercle
Et se répond à la caresse.
Mais, la nuit l'homme voit ses yeux
Dont la pâleur est le seul don.
Ils sont trop gros pour qu'il les cache
Et trop lourds pour le vent perdu du rêve.
Quand le chat danse
C'est pour isoler sa prison
Et quand il pense
C'est jusqu'aux murs de ses yeux.
Paul ELUARD - Chat - Les animaux et leurs hommes, les hommes et leurs animaux (1920). Le chat
Viens, mon beau chat, sur mon cœur amoureux ;
Retiens les griffes de ta patte,
Et laisse-moi plonger dans tes beaux yeux,
Mêlés de métal et d'agate.
Lorsque mes doigts caressent à loisir
Ta tête et ton dos élastique,
Et que ma main s'enivre du plaisir
De palper ton corps électrique,
Je vois ma femme en esprit. Son regard,
Comme le tien, aimable bête,
Profond et froid, coupe et fend comme un dard,
Et, des pieds jusques à la tête,
Un air subtil, un dangereux parfum,
Nagent autour de son corps brun.
Charles Baudelaire - Le Chat - Les Fleurs du mal (1947)
Guillaume APOLLINAIRE - La Colombe - Le bestiaire (1911) L’écrevisse
Incertitude, ô mes délices,
Vous et moi nous nous en allons,
Comme s'en vont les écrevisses,
A reculons, à reculons
Guillaume APOLLINAIRE - L’écrevisse - Le bestiaire (1911) L'hirondelle au printemps cherche les vieilles tours
L'hirondelle au printemps cherche les vieilles tours,
Débris où n'est plus l'homme, où la vie est toujours ;
La fauvette en avril cherche, ô ma bien-aimée,
La forêt sombre et fraîche et l'épaisse ramée,
La mousse, et, dans les nœuds des branches, les doux toits
Qu'en se superposant font les feuilles des bois.
Ainsi fait l'oiseau. Nous, nous cherchons, dans la ville,
Le coin désert, l'abri solitaire et tranquille,
Le seuil qui n'a pas d'yeux obliques et méchants,
La rue où les volets sont fermés ; dans les champs,
Nous cherchons le sentier du pâtre et du poète ;
Dans les bois, la clairière inconnue et muette
Où le silence éteint les bruits lointains et sourds.
L'oiseau cache son nid, nous cachons nos amours.
Victor HUGO, L'hirondelle au printemps cherche les vieilles tours - Contemplations (1856)
L'albatros
Souvent, pour s'amuser, les hommes d'équipage
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
Le navire glissant sur les gouffres amers.
A peine les ont-ils déposés sur les planches,
Que ces rois de l'azur, maladroits et honteux,
Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
Comme des avirons traîner à côté d'eux.
Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule !
Lui, naguère si beau, qu'il est comique et laid !
L'un agace son bec avec un brûle-gueule,
L'autre mime, en boitant, l'infirme qui volait !
Le Poète est semblable au prince des nuées
Qui hante la tempête et se rit de l'archer ;
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l'empêchent de marcher.
Charles BAUDELAIRE - L’albatros - La ménagerie de Tristan(1859) L’abeille
Quelle, et si fine, et si mortelle,
Que soit ta pointe, blonde abeille,
Je n’ai, sur ma tendre corbeille,
Jeté qu’un songe de dentelle.
Pique du sein la gourde belle,
Sur qui l’Amour meurt ou sommeille,
Qu’un peu de moi-même vermeille,
Vienne à la chair ronde et rebelle !
J’ai grand besoin d’un prompt tourment :
Un mal vif et bien terminé
Vaut mieux qu’un supplice dormant !
Soit donc mon sens illuminé
Par cette infime alerte d’or
Sans qui l’Amour meurt ou s’endort !
Paul VALERY - L’abeille - Charmes (1919) Pour faire le portrait d'un oiseau
Peindre d’abord une cage
avec une porte ouverte
peindre ensuite
quelque chose de joli
quelque chose de simple
quelque chose de beau
quelque chose d’utile
pour l’oiseau
placer ensuite la toile contre un arbre
dans un jardin
dans un bois
ou dans une forêt
se cacher derrière l’arbre
sans rien dire
sans bouger…
Parfois l’oiseau arrive vite
mais il peut aussi bien mettre de longues années
avant de se décider
Ne pas se décourager
attendre
attendre s’il le faut pendant des années
la vitesse ou la lenteur de l’arrivée de l’oiseau
n’ayant aucun rapport
avec la réussite du tableau
Quand l’oiseau arrive
s’il arrive
observer le plus profond silence
attendre que l’oiseau entre dans la cage
et quand il est entré
fermer doucement la porte avec le pinceau
puis effacer un à un tous les barreaux
en ayant soin de ne toucher aucune des plumes de l’oiseau
Faire ensuite le portrait de l’arbre
en choisissant la plus belle de ses branches
pour l’oiseau
peindre aussi le vert feuillage et la fraîcheur du vent
la poussière du soleil
et le bruit des bêtes de l’herbe dans la chaleur de l’été
et puis attendre que l’oiseau se décide à chanter
Si l’oiseau ne chante pas
c’est mauvais signe
signe que le tableau est mauvais
mais s’il chante c’est bon signe
signe que vous pouvez signer
Alors vous arrachez tout doucement
une des plumes de l’oiseau
et vous écrivez votre nom dans un coin du tableau.
Jacques PRÉVERT - Pour faire le portrait d'un oiseau - Paroles (1945) La Grenouille qui veut se faire aussi grosse que le Bœuf
Une Grenouille vit un Bœuf
Qui lui sembla de belle taille.
Elle, qui n'était pas grosse en tout comme un œuf,
Envieuse, s'étend, et s'enfle, et se travaille,
Pour égaler l'animal en grosseur,
Disant : « Regardez bien, ma sœur ;
Est-ce assez ? dites-moi ; n'y suis-je point encore ?
- Nenni. - M'y voici donc ? - Point du tout. - M'y voilà ?
- Vous n'en approchez point. » La chétive pécore
S'enfla si bien qu'elle creva.
Le monde est plein de gens qui ne sont pas plus sages :
Tout bourgeois veut bâtir comme les grands seigneurs,
Tout petit prince a des ambassadeurs,
Tout marquis veut avoir des pages.
Jean de LA FONTAINE - La Grenouille qui veut se faire aussi grosse que le Bœuf - Fables (1668) Le loup et l’agneau
La raison du plus fort est toujours la meilleure :
Nous l'allons montrer tout à l'heure.
Un Agneau se désaltérait
Dans le courant d'une onde pure.
Un Loup survient à jeun, qui cherchait aventure,
Et que la faim en ces lieux attirait.
Qui te rend si hardi de troubler mon breuvage ?
Dit cet animal plein de rage :
Tu seras châtié de ta témérité.
Sire, répond l'Agneau, que Votre Majesté
Ne se mette pas en colère ;
Mais plutôt qu'elle considère
Que je me vas désaltérant
Dans le courant,
Plus de vingt pas au-dessous d'Elle ;
Et que par conséquent, en aucune façon,
Je ne puis troubler sa boisson.
Tu la troubles, reprit cette bête cruelle,
Et je sais que de moi tu médis l'an passé.
Comment l'aurais-je fait si je n'étais pas né ?
Reprit l'Agneau ; je tette encor ma mère
Si ce n'est toi, c'est donc ton frère.
Je n'en ai point. C'est donc quelqu'un des tiens :
Car vous ne m'épargnez guère,
Vous, vos Bergers et vos Chiens.
On me l'a dit : il faut que je me venge. »
Là-dessus, au fond des forêts
Le loup l'emporte et puis le mange,
Sans autre forme de procès.
Jean de LA FONTAINE - Le loup et l’agneau - Fables (1668)
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